Discussion avec Farnese

Notre ambassadrice se confie au sujet de la journée internationale de la visibilité transgenre.

Avant de lire cet entretien, si tu n’es pas familiarisé·e avec le vocabulaire du genre, je te conseille le petit lexique en fin d'article. 

Je vous parlais déjà de Farnese dans le précédent article de ce blog PlaisirsDurables. Après le droit des femmes, cette journée internationale est consacrée à la visibilité transgenre.  

L’une comme l’autre ne devrait pas exister, on est bien d’accord. Ceci dit, pas d’amalgame avec la Saint-Valentin ou la fête des mères qui ne devrait pas exister sous prétexte de prendre soin de la personne aimée toute l’année. On ne parle pas d’opération marketing ni de rainbow-washing. Si cette journée ne devrait pas exister, c’est simplement parce qu’il y a un combat à mener alors qu’on s’en serait bien passé. Ce n’est donc pas d’une journée dont nous avons besoin mais d’une éducation constante de la société.  

C’est dans cette optique que PlaisirsEthiques, a choisi une égérie trans pour sa marque. Ce choix offre une place engagée dans plusieurs causes à une personne issue de diverses minorités. Cette visibilité veut montrer une autre réalité, différente des stéréotypes mis en spectacle par les médias mainstream avec des shows à grande audience. Aussi, notre équipe éclectique permet à PlaisirsEthiques d’évoluer avec une vision globale représentative des personnes qui composent notre société, riche de nos différences. Contexte replacé, voilà un résumé de mon entretien avec Farnese
 

En tant que femme trans, que représente cette journée pour toi ? 

Farnese : La journée, même la semaine de la visibilité trans, c’est mon quotidien. Cette journée est importante pour les personnes cisgenre qui ne sont pas assez informées. Nous avons besoin d’éduquer la société à être aware, à être conscient de notre réalité pour mieux nous accepter. 

Chaque personne, chaque histoire est unique. Peux-tu nous partager brièvement la tienne ? 

Farnese : J’ai aujourd’hui 20 ans. Durant mon enfance, adolescence, j’ai toujours aimé le maquillage, la mode et autres accessoires “de filles” (Farnese accentue vraiment les guillemets de ses mains). J’étais le gay de la classe et assez ok avec ça, contrairement à mes parents. Ils m’ont rejetée il y a 2 ans, j’ai alors trouvé refuge chez ma meilleure amie. C’est à ce moment-là que j’ai compris mon souhait d’être une femme et que j’ai commencé ma transition.  

Tu as trouvé refuge chez ton amie mais pourquoi pas via une association ? 

Farnese : En Belgique, ce n’est pas si simple. Je me suis dirigée vers une association pour les mineurs en difficulté (financière, décrochage scolaire, LGBTQIA+, …) mais l’aide proposée étant purement logistique et ça ne s’est pas toujours bien passé. Je viens d’Ostende où les esprits sont assez fermés à ce sujet, c’est pour ça que je me suis dirigée vers Gand. Les Rainbow Houses sont assez actives mais je me suis débrouillée pour trouver une chambre où m’installer. 

Quelle est la plus grande difficulté que tu rencontres ? 

Farnese : L’attente ! La transition demande énormément de temps et de patience. Elle a commencé pendant la période de confinement. Du coup, durant cette crise covid, l’isolement a eu un côté bénéfique pour assumer mes changements, jour après jours. Je suis une femme mais aujourd’hui encore avec une voix grave donc, c’est compliqué d’entrer dans une cabine d’essayage “femme”. On aimerait que tout aille vite mais il faut attendre pour avoir un papier. Il faut attendre pour avoir un rendez-vous. Il faut attendre pour avoir un traitement hormonal. Il faut attendre pour voir certains changements. Attendre.  

Et d’un point de vue administratif, ce n’est pas compliqué ? 

Farnese : Non, ça a été assez simple. Je me suis rendue à la commune pour faire ce changement sur mes papiers d’identité. Cela ne coûte que le prix habituel de l’édition des documents. 

A l’heure actuelle, il n’est pas encore possible de choisir un genre non-binaire ou genderfluid X sur ses papiers, qu’en penses-tu ? 

Farnese : Effectivement, je me demande vraiment pourquoi c’est si compliqué et pourquoi cela prend autant de temps. Le projet de modification de la loi belge est en cours depuis 2019 mais toujours pas d'application. Personnellement, c’est important de cocher le F pour marquer la finalité de ma démarche. Même si j’en avais la possibilité, je ne choisirais pas le X. 

Marie : en fait, on ne me demande pas mon avis mais petite parenthèse pour le donner quand-même … au final, en quoi est-ce important que le genre apparaisse de façon visible, ou pas d’ailleurs, sur un document d’identité ? C’est un autre débat ;-) 

Plusieurs personnalités sont médiatisées, volontairement ou pas, au sujet de leur transition. Eliott Page pour le plus militant ou plus près, notre vice première ministre, Petra De Sutter. Est-ce important d’avoir des exemples ?  

Farnese : Personnellement, j’ai manqué de modèles déjà de par ma couleur de peau. Même si on nous montre la réussite de Beyoncé ou Will Smith, on garde en tête ce stéréotype de la supériorité des blancs. C’est très difficile. Ce n’est que très tard que j’ai pu découvrir des artistes black queer et cela fait du bien, évidemment. Par contre, c’est fatiguant d’entendre à chaque fois une personne qualifiée de trans. On devrait parler d’une personne pour ce qu’elle fait, pour qui elle est et non pas pour son genre. 

Du coup, promis, la prochaine fois que je parlerai de toi, Farnese, ça sera uniquement pour vanter tes qualités d’ambassadrice PlaisirsDurables. Merci pour ce moment de partage.

Suivre Farnese sur sa page Instagram

 

Petit lexique du genre ...  

Agenre >  Une personne qui ne s’identifie à aucun genre. Elle se considère non genrée ou de genre neutre. 

Cisgenre  Une personne dont l’identité de genre correspond au sexe qui lui a été assigné à la naissance en fonction des caractéristiques biologiques.  

Dysphorie de genre > Etat caractérisé par un sentiment persistant d’inconfort ou de détresse causé par une discordance entre l’identité de genre et le sexe assigné à la naissance. 

Genderfluid > Une personne dont l’identité de genre est changeante, qui peut passer du masculin au féminin ou au genre neutre. 

Identité de genre > Elle fait référence à l’expérience intime et personnelle du genre, concernant le fait d’être un homme, une femme, entre femme et homme, les deux, ou de ne pas se reconnaître dans le genre homme ou femme, indépendamment du sexe assigné à la naissance. 

Non-binaire > Ce terme désigne une personne dont l’identité de genre ne s’inscrit pas dans la norme binaire, c’est-à-dire qui ne se reconnaît ni dans la catégorie de l’homme ni dans celle de la femme.  

Trans > Une personne dont l’identité de genre ou le ressenti ne correspond pas au sexe qui lui a été assigné à la naissance. Trans est un terme générique qui inclut notamment les personnes transgenres ou les personnes transsexuelles.  

Transition > La transition est un processus non linéaire durant lequel une personne peut entreprendre des démarches légales, sociales ou médicales permettant de mieux refléter son identité de genre. Elle peut aller du changement de nom à la modification de l’apparence, en passant par la prise d’hormones ou une chirurgie de confirmation de genre. 

Source : illustre.ch 

 

Je m’appelle Marie. Je ne suis ni journaliste, ni sexologue mais simplement bavarde et curieuse. C’est donc sans aucune prétention que je partagerai ici avec vous quelques articles, tantôt utiles, tantôt futiles mais toujours spontanés et libérés.

Ecrire un commentaire

Tous les commentaires sont modérés avant d'être publiés

Découvrez